
Allemagne : un forcené fonce sur des piétons et tue deux personnes

Un forcené a lancé sa voiture lundi sur une foule en plein centre de Mannheim en Allemagne, tuant deux personnes et en blessant onze autres avant d'être arrêté par la police, qui exclut "un mobile politique" et met en avant des des problèmes psychiques.
Cette acte de violence intervient à la suite de plusieurs attentats à la voiture-bélier qui ont ébranlé ce pays déjà ces dernières semaines et dominé la récente campagne électorale.
En milieu de journée, le conducteur a foncé dans la zone piétonne de Mannheim "à très grande vitesse", se servant de sa voiture "comme d'une arme", a déclaré le ministre de l'Intérieur de l'Etat régional où est située cette ville, le Bade-Wurtemberg, dans le sud-ouest.
"Cet acte s'inscrit dans plusieurs crimes récents où une voiture a servi d'arme", a dit à la presse Thomas Strobl, selon lequel il n'existe "aucun indice d'un fond extrémiste ou religieux".
"Nous avons plutôt des indices concrets d'une maladie psychique chez l'auteur, c'est pourquoi l'enquête se concentre sur cet aspect", a souligné le procureur Romeo Schüssler.
Le suspect est un Allemand de 40 ans demeurant à Ludwigshafen, une ville voisine de Mannheim.
Au terme de la course folle, et avant d'être arrêt par la police, il s'est tiré dans la bouche avec un pistolet d'alarme, une arme de dissuasion, conçue pour intimider en cas d'agression ou pour alerter en cas de danger mais qui peut provoquer de graves blessures.
Blessé, son état de santé est décrit comme stable, mais la police n'a pas pu encore pu l'interroger.
Le chancelier Olaf Scholz a déploré un "acte de violence insensé", qui survient dans un climat très lourd en Allemagne.
L'automobiliste a percuté un groupe de personnes sur une place du centre de Mannheim où se trouvait une foire avec manèges et stands de nourriture. Un carnaval s'était déroulé la veille dans cette cité.
Le dernier bilan fait état de deux morts, onze blessés, dont certains très grièvement.
Ce drame en rappelle un autre survenu en avril 2018 à Münster, dans l'ouest du pays, où un homme souffrant de troubles psychologiques avait foncé avec une camionnette sur des gens assis à des cafés en terrasse, tuant quatre personnes.
- "Corps sans vie" -
"J'ai entendu un bruit très, très fort (...) pas un bruit que l'on entend tous les jours", a raconté à l'AFP Enes Yildiz, 24 ans, qui était dans son bureau à proximité du lieu du drame.
En descendant dans la rue, il a vu "un corps sans vie allongé, des mares de sang". "La personne semblait avoir été projetée dans les airs par l'impact", a ajouté cet employé.
"Il y avait beaucoup de gens qui pleuraient, des gens qui appelaient à l'aide, des gens qui appelaient la police, c'était un vrai désordre", a-t-il encore raconté.
A l'endroit du drame, des effets personnels abandonnés jonchaient le sol, une chaussure d'enfant, un sac ou encore un blouson.
- Pays ébranlé -
Mi-février à Munich, un automobiliste avait précipité sa voiture sur des manifestants, tuant deux personnes, dont une enfant de deux ans, et faisant plusieurs blessés. L'auteur présumé de cet acte, arrêté sur place, est un Afghan de 24 ans qui aurait agi "par motivation religieuse".
A Magdebourg, en décembre, c'est un médecin saoudien de 50 ans qui avait fauché la foule d'un marché de Noël à bord d'un puissant véhicule BMW lancé à toute allure dans une attaque qui a fait six morts et quelque 300 blessés.
Mannheim avait été en outre le théâtre d'un attentat au couteau ayant causé la mort d'un policier au printemps 2024, au cours d'un rassemblement public. Le procès du suspect afghan s'est ouvert le mois dernier.
Toutes ces violences ont dominé les débats campagne des élections législatives de fin février.
Ce scrutin a vu la victoire du parti conservateur de Friedrich Merz et une poussée spectaculaire du parti d'extrême droite AfD, qui a doublé son score avec un discours prônant des expulsions massives d'étrangers et un durcissement de la politique pénale.
A.Graf--BlnAP