
Le pape, "stationnaire", célèbre le début du Carême à l'hôpital

Le pape François, dont l'état reste "stationnaire", a célébré le mercredi des Cendres depuis sa chambre d'hôpital, où il est soigné depuis vingt jours pour une double pneumonie source d'inquiétudes grandissantes.
Dans la matinée, le pontife de 88 ans "a participé au rite de la bénédiction des cendres", selon son dernier bulletin de santé publié en début de soirée.
Le mercredi des "Cendres" marque le début du Carême à 40 jours de Pâques, la fête la plus importante du calendrier catholique.
Les cardinaux ont célébré dans l'après-midi la messe des Cendres en son absence à la Basilique Sainte-Sabine sur la colline de l'Aventin à Rome.
"Nous nous sentons profondément unis à lui en ce moment et nous le remercions pour ses prières et ses souffrances pour le bien de toute l'Eglise et du monde entier", a déclaré le cardinal italien Angelo De Donatis, qui a lu l'homélie écrite par Jorge Bergoglio à sa place.
Le pape a de son côté "alterné repos et travail", appelant notamment le prêtre de la paroisse de Gaza, comme il le fait régulièrement depuis le début conflit entre Israël et Hamas.
Il a aussi continué comme prévu à recevoir de l’oxygène à haut débit et portera à nouveau cette nuit un masque à oxygène comme les deux nuits précédentes.
"En raison de la complexité de son tableau clinique, le pronostic reste réservé", conclut le bulletin de santé.
Dans son homélie, dont la tonalité résonne avec sa propre situation, le pape écrit: "Nous touchons du doigt la fragilité dans l’expérience de la maladie, de la pauvreté, de la souffrance qui s’abat parfois soudainement sur nous et nos familles".
Parmi les fidèles présents à la messe, Sachin Kuppa, un touriste indien catholique de trente ans venu avec sa femme, dit "espérer que le Saint-Père va bien et récupère sa santé". "Nous prions pour cela", confie-t-il à l'AFP.
Le chef des 1,4 milliard de catholiques n'a pas fait d'apparition publique depuis son hospitalisation, et aucune photo de lui n'a été fournie par le Vatican. Il a manqué la prière hebdomadaire de l'Angélus ces trois derniers dimanches, une première depuis son élection en 2013.
Le pape ne participera pas non plus aux traditionnels "exercices spirituels", une retraite qui se déroule chaque année au début du Carême avec la Curie, le personnel de l'administration centrale du Saint-Siège.
- Repos et prière -
A l'hôpital Gemelli de Rome, où il est hospitalisé depuis le 14 février, le jésuite argentin alterne repos, prière, travail et physiothérapie pour venir à bout d'une pneumonie qui touche ses deux poumons et lui occasionne des épisodes de détresse respiratoire.
Lundi, il a été en proie à "deux épisodes d'insuffisance respiratoire aiguë, causés par une accumulation importante de mucus endobronchique et un bronchospasme consécutif", ce qui a rendu nécessaire l'aspiration d'abondantes sécrétions.
Ces nouvelles crises ont rappelé la fragilité de l'état de santé du pape, dont le tableau clinique reste "complexe", et ravivé l'inquiétude des fidèles.
Son équipe médicale ne s'est toujours pas prononcée sur la durée de son hospitalisation, la plus longue du pontificat, ni sur celle de sa convalescence, s'il parvient à surmonter cette épreuve.
Religieux et fidèles continuent de venir devant son hôpital pour déposer fleurs et bougies. Parmi eux, Domenica Patania, une Italienne de 63 ans, prie pour lui "car en ce moment particulier nous avons vraiment besoin de lui, de son soutien et de sa proximité". "Nous voulons qu'il soit en bonne santé pour encore beaucoup d'années", a-t-elle confié à l'AFPTV.
Entre-temps, le Vatican se retrouve plongé dans l'incertitude, ses fonctionnaires poursuivant leur travail tout en étant suspendus aux bulletins médicaux.
François, dont la chambre est située au dixième étage de l'hôpital Gemelli, continue de recevoir ses plus proches collaborateurs et poursuit son travail quand son état le permet.
L'hospitalisation du souverain pontife intervient après qu'il a déjà été affaibli par une série de problèmes ces dernières années : en surpoids, souffrant de douleurs au genou, il a, entre autres, subi des opérations du côlon et de l'abdomen et des infections respiratoires à répétition.
A l'âge de 21 ans, il avait frôlé la mort à cause d'une pleurésie et le lobe supérieur de son poumon droit avait dû lui être retiré.
Ces problèmes de santé ont relancé les interrogations sur la capacité de François à assumer ses fonctions, et les conjectures sur sa possible démission.
R.Keller--BlnAP