
Guatemala: un juge ordonne le retour en prison "immédiat" d'un journaliste anticorruption

Un juge a décidé lundi au Guatemala le renvoi en prison "avec effet immédiat" du journaliste anticorruption José Ruben Zamora, mettant fin à l'assignation à résidence dont ce dernier bénéficiait depuis octobre.
Le juge Erick Garcia a indiqué avoir "ordonné que le journaliste José Ruben Zamora retourne à la situation juridique qu'il avait auparavant (prison), et ce avec effet immédiat".
Il suit ainsi la décision d'une chambre de la cour d'appel qui avait révoqué l'assignation à résidence du journaliste.
M. Zamora, âgé de 68 ans, a passé plus de 800 jours en prison dans la capitale, Guatemala, entre juillet 2022 et octobre 2024. Il a été arrêté après avoir publié dans son journal El Periodico des cas de corruption impliquant l'ancien président de droite Alejandro Giammattei (2020-2024). Le quotidien a fermé en 2023, alors qu'il était en prison.
Un tribunal a condamné le journaliste en juin 2023 à six ans de prison pour blanchiment d'argent, mais la sentence a depuis été annulée et le procès devra être rejugé.
Son incarcération avait été condamnée par les États-Unis, l'ONU, Amnesty International et même par l'actuel président du Guatemala, Bernardo Arévalo, qui a qualifié d'"abus de pouvoir" les poursuites engagées par le parquet contre le journaliste.
A l'issue de l'audience lundi, José Ruben Zamora a de nouveau clamé son innocence et déclaré qu'il continuerait "à affronter l'État mafieux, les mafias criminelles qui manipulent la justice à leur guise et de manière arbitraire".
La Société Interaméricaine de Presse (SIP) a dénoncé sur X la cour d'appel, estimant que la "décision arbitraire du tribunal constitue un grave exemple de persécution politique et une atteinte à la liberté d'expression au Guatemala".
L'ONG Reporters sans Frontières (RSF) a pour sa part lancé "un appel au système judiciaire guatémaltèque pour qu'il respecte le droit à un procès équitable et cesse d'abuser des mécanismes légaux pour museler les journalistes", dans une déclaration envoyée à l'AFP.
Ana Piquer, directrice pour les Amériques d'Amnesty International, a exigé la "libération immédiate" du journaliste, jugeant dans un communiqué qu'il est "urgent de mettre fin au harcèlement judiciaire visant à faire taire les voix dissidentes" dans le pays.
K.Koch--BlnAP