
Le chaos et les larmes à Gaza après la reprise des frappes israéliennes

De gigantesques explosions, des ambulances sirènes hurlantes, des corps éparpillés dans les rues: réveillés en pleine nuit, les habitants de la bande de Gaza ont revécu mardi le chaos des mois de guerre quand des frappes israéliennes massives se sont abattues sur leur territoire.
"Le sol est jonché de corps et de lambeaux de chair, les blessés ne trouvent aucun médecin pour les soigner", raconte Ramiz al-Amarin, un déplacé palestinien, depuis l'hôpital al-Ahli dans la ville de Gaza.
"Ils ont rallumé les feux de l'enfer dans Gaza", ajoute cet homme de 25 ans, qui s'est réveillé en sursaut sous sa tente quand les explosions ont retenti.
Devant l'hôpital al-Ahli, qui fonctionne en dégradé en raison du blocage par Israël de l'aide humanitaire et du carburant, des dizaines de corps sont alignés.
Certains sont recouverts d'une couverture, des pieds nus dépassent.
Assis près des dépouilles, les proches ont l'air grave, parfois égaré.
"Je ne m'attendais pas à une reprise des combats, surtout après que Trump a dit qu'il ne voulait pas de guerre", commente M. al-Amarin.
Israël a mené dans la nuit les frappes les plus intenses depuis le début de la trêve avec le Hamas, le 19 janvier, en accusant le mouvement islamiste de bloquer la suite des pourparlers et de refuser de libérer les otages retenus à Gaza.
Ce que le Hamas n'a de cesse de démentir, accusant au contraire Israël de ne pas respecter l'accord.
Selon le ministère de la Santé du Hamas, ces frappes ont fait au moins 413 morts.
La Défense civile, qui assure les premiers secours, affirme depuis des semaines qu'elle manque de tout pour assister les Gazaouis, une population de 2,4 millions de personnes, exsangue après plus de 500 jours de guerre.
"Il n'y a pas de secours!", lance Jihan al-Nahal, une mère de famille qui vit dans le nord-ouest de la ville de Gaza.
Elle dit que des proches de son quartier d'al-Nasr sont morts ou ont été blessés.
Alors qu'elle préparait le repas pris à l'aube durant le mois du ramadan, avant le début du jeûne quotidien, elle raconte avoir entendu les avions de l'armée de l'air israélienne survoler la ville.
- "Des cris, des flammes" -
"De gigantesques explosions ont éclaté, comme si c'était le premier jour de la guerre, des cris résonnaient partout, il y avait des flammes qui montaient et la plupart des victimes étaient des enfants".
"C'est une guerre d'extermination", lâche-t-elle, en condamnant Israël.
Près de chez elle, à Beit Hanoun, une localité proche de la frontière avec Israël, des habitants ont commencé à fuir, des sacs et des couvertures empilés sur leurs têtes, avant même que l'armée ne publie mardi matin un ordre d'évacuation.
Dans la ville de Gaza, également dans le nord, des habitants quittent une école transformée en abri pour déplacés. Une partie des bâtiments s'est effondrée après les frappes de la nuit.
Le visage fermé, une femme au milieu des ruines contemple les objets recouverts de poussière grise qui émergent au milieu des parpaings et des tiges de fer sortant des murs.
Dans le couloir longeant les salles de classe où s'entassaient les familles de déplacés, un homme s'éloigne, un matelas de mousse roulé sous le bras.
Alors qu'hélicoptères et drones militaires traversent encore le ciel, les Gazaouis avec lesquels l'AFP s'est entretenus sont encore en état de choc.
Pour certains, le temps semble s'être arrêté.
A l'hôpital indonésien de Beit Lahia, une petite fille a les deux mains bandées.
Autour d'elle, les adultes s'affairent, beaucoup pleurent. Une jeune femme au visage tordu par la douleur s'effondre en hurlant au milieu des cadavres.
H.Bauer--BlnAP