
Dents, cheveux, fertilité... les Britanniques tentés par le tourisme médical

En quête d'un sourire éclatant ou d'une chevelure fournie, de plus en plus de Britanniques se tournent vers le tourisme médical ou esthétique, en particulier en Turquie où de nombreuses cliniques leur font miroiter des opérations aux prix imbattables.
Amber Dee, 48 ans, a payé "8.000 livres" tout compris pour des implants dentaires dans ce pays il y a trois ans, alors que la même opération lui aurait coûté "60.000 livres au Royaume-Uni".
"C'est tellement cher ici!", s'exclame cette femme d'origine turque, rencontrée par l'AFP au Salon international du tourisme médical de Londres, et qui prévoit de retourner à Istanbul pour un lifting des paupières.
Sur les stands d'une centaine de cliniques turques réunies mi-février au centre d'exposition Queen Elizabeth II, des panneaux géants vantent, photos à l'appui, le succès de greffes de cheveux, blanchiments dentaires ou fécondations in vitro.
L'ambition de cet évènement, organisé pour la deuxième fois en face de l'abbaye de Westminster, est de promouvoir des soins "de qualité supérieure, mais abordables", souvent couplés avec des vacances au soleil.
"Peu m'importe l'endroit tant que c'est bien fait", déclare Jessica, travailleuse sociale de 24 ans, les bras chargés de prospectus sur la chirurgie amincissante qu'elle veut faire en Turquie.
En "confiance" depuis qu'une de ses tantes s'est fait refaire les dents dans cette destination phare du tourisme médical, la jeune femme recherche un établissement qui "organise tout: l'hôpital, l'hôtel, et je n'ai plus qu'à réserver le vol".
- "De A à Z" -
"Nous fournissons des soins de première classe, de A à Z et avec les dernières technologies, de la chirurgie plastique à la greffe d'organes", promet Merve Sarigul, commerciale pour Acibadem, plus grand groupe hospitalier privé de Turquie.
Le coût et "l'accessibilité des soins de santé posent de gros problèmes (au Royaume-Uni), (...) et nous essayons de simplifier les choses pour les patients", ajoute-t-elle.
Selon l'Office national des statistiques (ONS), le nombre de Britanniques qui ont suivi un traitement médical à l'étranger a quasiment doublé entre 2021 et 2023, passant de 234.000 à 431.000.
Face à la crise du système public de santé NHS, nombre d'entre eux refusent de passer des mois - voire des années - sur des listes d'attentes, ou de basculer dans le coûteux système privé.
Ces deux dernières années, quasiment un Britannique sur cinq n'ayant pas réussi à obtenir un rendez-vous chez le dentiste s'est résolu à aller à l'étranger, selon un sondage Ipsos pour l'agence PA publié vendredi.
Les procédures esthétiques, elles, sont "50 à 90%" moins chères en Turquie, indique à l'AFP Jonathan Edelheit, président de l'Association internationale du tourisme médical.
Des influenceurs venus de la téléréalité comme Katie Price ont abondamment documenté leurs liftings ou chirurgies d'augmentation des fesses, faisant la pub de ces cliniques auprès de leurs millions d'abonnés.
- "Mauvais choix" -
Plus de 300 patients ont cependant dû recevoir des soins hospitaliers au Royaume-Uni après une opération ratée à l'étranger entre 2018 et 2022, indique l'organisation des chirurgiens esthétiques britanniques.
Vingt-huit Britanniques sont même décédés entre 2019 et 2024 après des interventions médicales en Turquie, selon le ministère des Affaires étrangères.
Certains patients font "de mauvais choix en sélectionnant le prestataire le moins cher et en faisant confiance à n'importe qui sur internet", estime Jonathan Edelheit, qui exhorte les touristes à se tourner vers des "établissements accrédités".
Pour renforcer sa crédibilité, la Turquie s'est dotée en 2017 d'un système de certification obligatoire de ses 4.000 établissements recevant des patients étrangers, au nombre de deux millions en 2024.
Le jeune Mathieu, étudiant français dont le suicide après une greffe de barbe ratée à Istanbul a récemment causé une vive émotion, avait toutefois fréquenté l'un de ces établissements, a affirmé son père dans les médias.
Ella Cowan, 16 ans, trouve ça "rassurant" de rencontrer des interlocuteurs sur le salon avant l'opération esthétique du menton qu'elle envisage en Turquie.
"Nous prenons la santé très au sérieux, et nous pensons qu'une conversation individuelle laisse moins de place aux erreurs", assure à l'AFP Ilayda Seçer, vice-directrice générale de l'évènement.
Depuis 2023, le groupe turc ALZ International a organisé une dizaine d'évènements similaires à Berlin, Francfort, Amsterdam, Bakou et Moscou.
K.Koch--BlnAP