
La peine de Jean-Marc Morandini pour corruption de mineurs alourdie en appel

La justice a alourdi vendredi en appel la condamnation de l'animateur de télévision Jean-Marc Morandini en prononçant contre lui une peine de deux ans de prison avec sursis et 20.000 euros d'amende pour corruption de mineurs sur trois adolescents entre 2009 et 2016.
La cour d'appel de Paris a en outre prononcé contre M. Morandini une interdiction définitive d'exercer une profession en contact avec des mineurs et confirmé son inscription au fichier des auteurs d'infractions sexuelles.
L'animateur, qui apparaît quotidiennement à l'antenne dans l'émission "Morandini Live" sur CNews, chaîne du groupe Bolloré, n'était pas présent lors du délibéré.
Dans un communiqué, Jean-Marc Morandini a dit "(prendre) acte de la décision". L'animateur, qui "s'interroge sur la sévérité dont il est l'objet", a également annoncé qu'il allait "se pourvoir en cassation".
En première instance en décembre 2022, le tribunal correctionnel de Paris l'avait condamné à un an de prison assorti d'une période de sursis probatoire de deux ans. Il avait fait appel et a de nouveau comparu le 27 novembre dernier.
Dans cette affaire, il lui était reproché d'avoir envoyé des messages à deux jeunes de 15 ans, en 2013 et en 2015-2016, qui consistaient pour l'un à évoquer des scénarios sexuels et, pour le second, à lui demander d'envoyer une photo de lui dénudé.
L'animateur de 59 ans avait aussi demandé en 2009 à un adolescent de 16 ans de se dénuder et de se masturber lors d'une audition pour le remake d'un film qui n'a jamais vu le jour.
Après l'énoncé de la décision de la cour d'appel vendredi, l'avocat de l'une des parties civiles, Me Anthony Mottais, a souligné l'aggravation de la peine par rapport à la première instance et évoqué le "soulagement" de la reconnaissance par la justice du fait que M. Morandini a "fait du mal à des mineurs".
"Quand on a suivi le procès, on sait aussi que son aura médiatique a été le moyen d'alpaguer et d'attirer ces mineurs", "ce qui est dommage, c'est que ce moyen lui soit aujourd'hui toujours laissé", a-t-il ajouté.
- Qu'il "n'apparaisse plus" -
"La Voix de l'enfant s'interroge sur la présence de M. Morandini, qui devient une insulte pour les victimes", a déclaré la présidente de l'association, Martine Brousse.
"Quels signes envoyons-nous aux victimes ? Quels signes envoyons-nous à notre société pour protéger les enfants ?", s'est-elle interrogée.
"Donc aujourd'hui, nous, ce que nous demandons, c'est que M. Morandini n'apparaisse plus sur les chaînes" de télévision, a-t-elle ajouté.
Les motivations de la décision de la cour n'étaient pas disponibles vendredi.
"Malgré le temps écoulé, aucune remise en question n'(a) été amorcée" par M. Morandini sur ces "passages à l'acte transgressifs", avait estimé la présidente du tribunal correctionnel en rendant son jugement en décembre 2022, soulignant néanmoins qu'il ne ressortait "ni du dossier, ni des débats, que l'on puisse qualifier M. Morandini de prédateur ou de pédophile".
Cette figure du paysage audiovisuel français a par ailleurs été condamnée en appel fin janvier à 18 mois de prison avec sursis pour harcèlement sexuel à l'encontre d'un jeune comédien, aggravant de six mois la peine prononcée en première instance.
Dans ce dossier, il était poursuivi pour avoir encouragé entre juin et septembre 2015 des comédiens, âgés de 19 à 26 ans au moment des faits, à s'exhiber nus pour les castings d'une web-série intitulée "Les Faucons", dont il était le producteur.
Il a aussi été reconnu coupable de travail dissimulé concernant quatre comédiens. La cour d'appel a condamné la société "Ne zappez pas ! Production" (NZPP), dont il est l'unique gérant, à une amende de 10.000 euros.
Dans ce dossier, ses avocates avaient annoncé qu'elles allaient se pourvoir en cassation.
D.Fischer--BlnAP