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Hausse inédite des dépenses de défense britanniques depuis la fin de la Guerre froide, selon Starmer
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Le Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé mardi que le Royaume-Uni allait s'engager dans une hausse de ses dépenses de défense, inédite "depuis la fin de la Guerre froide", à deux jours de sa rencontre à Washington avec le président américain Donald Trump.
Dans un discours surprise devant la chambre des Communes, M. Starmer a déclaré que son gouvernement porterait le budget de la défense à 2,5% du PIB en 2027, contre 2,3% actuellement.
"Ce gouvernement va lancer la plus forte augmentation prolongée des dépenses de défense depuis la fin de la Guerre froide", a-t-il affirmé devant les députés.
Le ministre américain de la Défense, Pete Hegseth, a salué cette décision, une "étape importante de la part d'un partenaire de longue date".
Après la visite lundi du président français Emmanuel Macron aux Etats-Unis, Keir Starmer doit à son tour rencontrer Donald Trump, jeudi, pour évoquer le sort de l'Ukraine.
Il espère le convaincre d'apporter des garanties de sécurité à Kiev dans la perspective d'un règlement du conflit.
M. Starmer a également déclaré qu'il recevrait plusieurs dirigeants de pays "alliés" à son retour ce week-end pour là aussi des discussions sur l'Ukraine.
Depuis qu'il est à nouveau à la Maison Blanche, Donald Trump a accentué ses pressions sur les Européens pour qu'ils contribuent davantage à l'Otan et a même laissé planer la menace d'une remise en cause du soutien militaire historique des Etats-Unis à l'Europe.
"Ces dernières semaines ont accéléré ma réflexion sur le moment où nous devions faire cette annonce" concernant les dépenses de défense, a souligné Keir Starmer mardi au cours d'une conférence de presse à Downing Street.
Son gouvernement s'était engagé à porter ce budget à 2,5% du PIB mais sans donner d'échéance.
- "Courte vue" -
Avec cet investissement, "le Royaume-Uni renforcera sa position de leader au sein de l'Otan et dans la défense collective de notre continent", a affirmé Keir Starmer devant le Parlement.
"Nous sommes dans un monde où tout a changé" depuis l'invasion russe de l'Ukraine en 2022, dont la nature même de la guerre, "et nous devons donc nous moderniser et revoir nos capacités", a-t-il argué.
A partir de 2027, le budget alloué aux services de sécurité et de renseignements porteront les dépenses totales dans la défense à 2,6% du PIB, avec l'"ambition" d'atteindre 3% "pendant la prochaine législature", soit à partir de 2029, a précisé le Premier ministre.
Une fois que ce budget sera porté à 2,5% du PIB, le gouvernement britannique dépensera 13,4 milliards de livres (16,1 milliards de dollars) supplémentaires dans la défense chaque année.
Londres veut être un pont entre les Etats-Unis et une Union européenne décriée par l'administration Trump mais le Royaume-Uni "doit rejeter tout faux choix" entre ses alliés, a souligné Keir Starmer.
Face aux députés, il a affirmé que Londres comptait "s'assurer" que les Ukrainiens "négocient leur avenir", alors qu'Américains et Russes ont discuté d'un règlement du conflit sans impliquer Kiev.
Le Premier ministre polonais Donald Tusk a d'ores et déjà confirmé qu'il ferait partie du "groupe de dirigeants" qui se rendront au Royaume-Uni ce week-end pour évoquer des "plans de défense communs".
La hausse des dépenses de défense britanniques se fera au détriment du budget consacré à l'aide internationale au développement, qui passera de 0,5% à 0,3% du PIB sur la même période.
"Nous devons soutenir l'Ukraine parce que si nous ne parvenons pas à obtenir une paix durable, alors l'instabilité économique et les menaces sur notre sécurité ne feront que croître", a-t-il ajouté.
Il a assuré que le Royaume-Uni continuerait de "jouer un rôle humanitaire" au Soudan, en Ukraine et dans la bande de Gaza et de soutenir l'effort mondial face au réchauffement climatique.
Les agences humanitaires ont réagi à cette annonce avec colère. Romilly Greenhill, la directrice générale du réseau international de développement Bond, a jugé cette décision "à courte vue" et "épouvantable".
J.P.Hoffmann--BlnAP