
Washington dit envisager des exemptions aux droits de douane

Washington a semblé temporiser mercredi sur le sujet des droits de douane imposés par Donald Trump aux produits canadiens et mexicains en ouvrant la porte à certaines exemptions, au lendemain de leur entrée en vigueur.
"C'est le président qui décide, mais nous nous attendons à ce que certains secteurs" d'activité soient finalement épargnés par les droits de douane, a affirmé le ministre américain du Commerce Howard Lutnick sur Bloomberg TV, précisant qu'une annonce devrait intervenir dans l'après-midi.
"Cela peut être l'automobile ou d'autres choses", a poursuivi M. Lutnick, qui avait souligné la veille qu'un compromis était possible avec Mexico et Ottawa.
Après avoir été repoussés d'un mois, les droits de douane visant le Canada et le Mexique, de 25% sur l'ensemble des produits sauf les hydrocarbures canadiens, taxés à 10%, sont entrés en vigueur mardi matin, faisant plonger les Bourses mondiales.
Ottawa a rapidement annoncé des représailles sur un certain nombre de produits américains et assuré que la liste s'allongerait avec le temps, alors que Mexico n'a pas encore répliqué.
Sa présidente doit annoncer dimanche des mesures lors d'un grand discours à Mexico. En attendant, Claudia Sheinbaum a assuré mercredi que son pays comptait se tourner vers d'autres partenaires commerciaux si les Etats-Unis persistaient à vouloir imposer des droits de douane.
"Nous avons fait notre part du travail et nous n'avons même pas fermé les portes au dialogue, loin de là, car elles doivent toujours rester ouvertes", a déclaré Mme Sheinbaum, qui doit s'entretenir jeudi par téléphone avec le président Trump.
Donald Trump pourrait échanger dès mercredi avec le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, selon CNN.
- L'économie tangue -
Le président américain reproche aux deux pays de lutter insuffisamment contre le trafic de fentanyl, un puissant opioïde responsable d'une grave crise sanitaire aux Etats-Unis, estimant que les droits de douane pourraient forcer Ottawa et Mexico à en faire plus.
Mais Donald Trump défend également l'usage des droits de douane comme arme commerciale, pour inciter les entreprises à venir se réinstaller aux Etats-Unis afin de les éviter, et pour protéger les entreprises américaines de leurs concurrents étrangers sur le marché intérieur.
Il y voit enfin un moyen de créer de nouvelles rentrées fiscales pour le gouvernement fédéral, alors même qu'il souhaite pousser plus loin les baisses d'impôts accordées durant son premier mandat.
Ces usages multiples des droits de douane apportent l'incertitude quant à leur durée et préoccupent de plus en plus les entreprises, alors que les indicateurs commencent à montrer des signes de ralentissement de l'économie américaine.
Mercredi, les créations d'emploi dans le secteur privé ont montré un net signe de ralentissement en février, alors que le secteur des services montre à son tour des signes d'inquiétude, tant du fait des droits de douane que des réductions de dépenses fédérales.
Wall Street hésitait mercredi entre l'espoir d'exemption sur les droits de douane et la crainte de l'impact sur l'économie américaine, avec des indices variant fortement autour de l'équilibre.
D'autant que les signaux sont contradictoires de la part du gouvernement: s'il a ouvert la porte à un relatif recul concernant sur Mexique et le Canada, Howard Lutnick n'a ainsi pas mentionné la Chine -- qui a annoncé des mesures de rétorsion, notamment sur le secteur agricole -- et a confirmé que les droits de douane réciproques, prévus pour le 2 avril, seront bien mis en place.
Ces droits de douane devraient permettre aux Etats-Unis de taxer les produits en provenance d'un pays au même niveau que les produits américains le sont en entrant dans ce même pays.
J.P.Hoffmann--BlnAP