
La Bourse de Paris dopée par les investissements européens dans la défense

La Bourse de Paris a terminé en nette hausse de 1,56% mercredi, portée par les annonces d'investissements massifs de l'Allemagne et de la Commission européenne pour muscler la défense.
L'indice vedette CAC 40 s'est envolé de 125,83 points pour terminer à 8.173,75 points. Depuis le 1er janvier, l'indice affiche une forte progression de 10,74%.
En comparaison, l'indice paneuropéen Euro Stoxx 600 est en hausse de 9,55% sur la même période.
"Aujourd'hui tout a tourné autour de l'Europe", a commenté Farhad Razaqzada, analyste de StoneX.
La perception de marché "a été porté par le fait que le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz a annoncé injecter des centaines de milliards d'euros dans la défense et les infrastructures, ce qui marque une rupture significative avec les règles sur l'endettement traditionnellement rigides de l'Allemagne. Cela alimente ainsi l'optimisme quant à une reprise économique plus large dans toute l'Europe", explique l'analyste.
L'Allemagne va lancer un fonds spécial de 500 milliards d'euros sur 10 ans pour rénover les infrastructures et rendre plus compétitive son économie en récession.
Surtout, toutes les dépenses de défense dépassant le seuil de 1% du Produit intérieur brut (PIB) allemand, soit au-dessus de 45 milliards d'euros environ, ne seront plus décomptées dans le dispositif du "frein à l'endettement", tandis qu'aujourd'hui, le déficit budgétaire annuel du gouvernement est limité à 0,35% du PIB.
Les dépenses militaires pourraient ainsi atteindre au moins 100 milliards d'euros par an, selon l'une des négociatrices du SPD, soit deux fois plus qu'actuellement.
Ces annonces "sont historiques", lance François Rimeu, stratégiste sénior de Crédit Mutuel Asset Management.
En parallèle, il faut aussi prendre en compte "le plan de réarmement de l'UE", a-t-il ajouté.
La Commission européenne a dévoilé mardi un plan pour mobiliser près de 800 milliards d'euros pour la défense européenne, mais aussi pour fournir une aide "immédiate" à l'Ukraine après le gel de l'aide américaine.
La présidente de l'institution européenne, Ursula von der Leyen, a confirmé sa volonté d'encourager les États à dépenser plus pour leur défense, sans être contraints par les règles budgétaires qui les obligent à limiter leur déficit public à 3% de leur Produit intérieur brut (PIB).
Par ailleurs, "la Banque européenne d'investissement (BEI) pourrait financer tous les projets de la défense, ce qu'elle n'avait pas le droit de faire jusque-là", a aussi relevé François Rimeu, après que la présidente de la BEI, Nadia Calvino, a appelé à élargir les investissements éligibles, selon une lettre mardi, consultée par l'AFP.
Sur le marché obligataire, les taux auxquels empruntent la France ont flambé, les investisseurs anticipant que ces annonces alimentent un regain d'inflation.
L'emprunt français à 10 ans est passé de 3,23% mardi à 3,49% mercredi. L'emprunt allemand à échéance 10 ans est passé de 2,49% mardi à 2,79% mercredi, sa plus forte progression sur une séance depuis la réunification de l'Allemagne en 1990.
A la cote parisienne, le sidérurgiste ArcelorMittal a bondi de 10,47% à 30,17 euros. Le géant des matériaux Saint-Gobain a gagné 8,84% à 100,55 euros. Le groupe industriel de défense et de technologies Thales s'est envolé de 7,63% à 245,40 euros.
Du côté des banques, la Société Générale affiche une forte progression de 5,17% sur la séance, à 40,46 euros et BNP Paribas 4,14% à 74,66 euros.
N.Mahnke--BlnAP