
Ukraine : discussions américano-ukrainiennes en cours en Arabie saoudite

La réunion entre Ukrainiens et Américains sur une éventuelle trêve partielle dans la guerre avec la Russie a débuté dimanche à Ryad, à la veille de discussions que le Kremlin prévoit "difficiles" entre les délégations russe et américaine, également en Arabie saoudite.
L'émissaire spécial de Donald Trump, Steve Witkoff, s'est quant à lui, le même jour, montré beaucoup plus optimiste, disant s'attendre à de "vrais progrès" au cours de ces pourparlers avec le duo de négociateurs envoyé par Vladimir Poutine.
"Nous avons commencé la réunion avec l'équipe américaine à Ryad", a écrit sur Facebook le ministre ukrainien de la Défense, Roustem Oumerov, à la tête de la délégation dépêchée par Kiev.
Washington et Kiev poussent pour, au minimum, un arrêt provisoire des frappes sur les sites énergétiques, largement endommagés côté ukrainien après plus de trois ans d'invasion russe.
- "Nous n'en sommes qu'au début" -
D'après M. Oumerov, "l'ordre du jour comprend" ainsi "des propositions visant à protéger les installations énergétiques et essentielles".
Auparavant, l'Ukraine s'était en outre dite "prête" à un cessez-le-feu "général" et sans conditions.
Mais le président russe Vladimir Poutine, dont l'armée avance sur le terrain malgré de lourdes pertes, semble jouer la montre, tant que ses hommes n'ont pas expulsé les troupes ukrainiennes de la région frontalière de Koursk.
A ce stade, le Kremlin assure s'être uniquement mis d'accord avec Washington sur un moratoire concernant les bombardements des infrastructures énergétiques des deux belligérants.
Son porte-parole, Dmitri Peskov, a d'ores et déjà tempéré les attentes autour de ces nouvelles discussions : "Il s'agit d'un sujet très complexe et il y a beaucoup de travail à faire", a-t-il fait valoir à la télévision russe, estimant que les négociations lundi seraient "difficiles".
"Nous n'en sommes qu'au début", a-t-il encore souligné, sur la voie d'un règlement du conflit, déclenché par l'offensive russe contre l'Ukraine en février 2022.
Symbole de ces divergences, la délégation ukrainienne est emmenée par le ministre de la Défense, tandis que Vladimir Poutine a décidé d'envoyer un sénateur ex-diplomate de carrière et un cadre du FSB, des responsables de rangs moins élevés.
- Retour à l'accord céréalier ? -
Autre différence notable, Dmitri Peskov a affirmé dimanche que "le principal" sujet dans les pourparlers entre Russes et Américains serait "la reprise" de l'application de l'accord céréalier en mer Noire, omettant complètement de mentionner un éventuel engagement concernant la suspension des combats, limité ou sans conditions.
Cet accord, en vigueur entre l'été 2022 et 2023, avait permis à l'Ukraine d'exporter ses céréales, vitales pour l'alimentation mondiale, malgré la présence de la flotte russe dans la zone.
La Russie s'en était retirée après un an, déplorant que les Occidentaux ne respectent pas à ses yeux leurs engagements censés assouplir les sanctions sur les exportations russes de produits agricoles et d'engrais.
"Nos négociateurs seront prêts à discuter des nuances autour de ce problème", a poursuivi M. Peskov.
Steve Witkoff a pour sa part affirmé penser que "de vrais progrès" seraient fait lundi avec les Russes, "particulièrement en ce qui concerne la mer Noire".
L'émissaire américain a évoqué sur la chaîne de télévision Fox "un cessez-le-feu sur les navires entre les deux pays et, à partir de cela, on se dirigera naturellement vers un cessez-le-feu total".
- Combats quotidiens -
En parallèle de ces discussions diplomatiques, l'armée ukrainienne a annoncé dimanche avoir repris le petit village de Nadia, dans la région orientale de Lougansk, un succès rare sur le terrain pour les militaires ukrainiens dans cette zone quasiment entièrement contrôlée par la Russie.
Les forces russes ont de leur côté déclaré dimanche s'être emparées de la localité de Sribné, également dans l'est de l'Ukraine.
La nuit précédente, elles ont par ailleurs "massivement" attaqué Kiev, à l'aide de drones, selon les autorités locales, faisant trois morts et dix blessés.
Dans la foulée, le chef de l'Etat ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé ses alliés à faire "pression" sur Moscou pour "mettre fin" au conflit, son ministre des Affaires étrangères, Andriï Sybiga, dénonçant "la terreur systématique" russe qui "sape les efforts de paix".
L'Ukraine réplique aux bombardements russes en visant des cibles militaires ou énergétiques directement sur le sol russe.
Dans la région russe de Rostov (sud-ouest), un homme est mort dans une attaque de drone sur sa voiture, a annoncé le gouverneur régional, Iouri Slioussar.
H.Bauer--BlnAP