
Espagne: Sánchez annonce un plan national pour doper l'industrie de défense

Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a annoncé mercredi un plan national destiné à stimuler l'industrie de sécurité et de défense en Espagne, dans le cadre des efforts réclamés par l'UE face à la menace russe et au désengagement américain.
"Le gouvernement lancera avant l'été un grand plan national pour le développement et la promotion de la technologie et de l'industrie de sécurité et de défense espagnoles", a assuré le dirigeant socialiste lors d'une allocution au Parlement consacrée notamment aux dépenses militaires de l'Espagne.
"Ce plan devra tirer parti de l'expérience acquise au cours des dernières années grâce au plan de relance" post-Covid et "concentrera le gros de l'investissement supplémentaire exigé par nos partenaires européens", a-t-il ajouté, sans fournir de détails à ce stade sur son contenu.
Ces déclarations surviennent alors que l'Espagne, qui a les dépenses militaires les plus basses en pourcentage du PIB parmi les pays de l'Otan, s'est engagée auprès de ses partenaires européens à augmenter son budget de défense, par souci de solidarité.
Selon les données de l'Alliance atlantique, l'Espagne a consacré en 2024 à ses dépenses militaires 1,28% de son PIB, loin derrière la Pologne (4,12%) où même la France (2,06%). Pedro Sánchez a promis de porter ce taux à 2% d'ici 2029, ou même plus rapidement.
S'il a confirmé mercredi de nouveau cet objectif de 2%, Pedro Sánchez est cependant resté flou sur le calendrier, et n'a pas clairement indiqué s'il soumettrait son plan au vote des députés. "Nous présenterons au Parlement tout ce qui doit passer par le Parlement", a-t-il simplement assuré.
Un manque de précision dénoncé par Alberto Nuñez Feijoo, chef de file du Parti populaire (PP, droite), qui a regretté le manque d'informations transmises aux parlementaires. "Quels seront les délais? Combien va-t-on dépenser chaque année? D'où va venir cet argent?", s'est il interrogé.
L'augmentation des dépenses militaires est un sujet délicat pour le dirigeant socialiste, qui gouverne sans majorité parlementaire, grâce au soutien de l'extrême gauche, historiquement hostile à l'Otan, et de partis régionalistes peu enclins à renforcer l'armée espagnole.
"L'Espagne ne doit pas accepter l'idée que plus de dépenses équivaut à plus de sécurité", a ainsi estimé mercredi la porte-parole de la formation d'extrême gauche Sumar au Parlement, Verónica Martínez Barbero, qui craint que la hausse des dépenses militaires ne se fasse au détriment des mesures sociales.
D.Fischer--BlnAP