
Gaza: nouvel échange d'otages israéliens contre des détenus palestiniens samedi

Le mouvement islamiste Hamas et Israël doivent procéder samedi au sixième échange d'otages israéliens contre des détenus palestiniens en vertu de l'accord de cessez-le-feu à Gaza, qui a frôlé cette semaine le point de rupture.
Ces libérations de trois Israéliens, tous binationaux, captifs dans la bande de Gaza depuis 16 mois et de 369 prisonniers palestiniens doivent intervenir alors que le secrétaire d'Etat Mario Rubio est attendu samedi soir en Israël.
Les trois hommes devant d'abord être libérés à Gaza sont Sacha Trupanov, un Israélo-Russe de 29 ans, Sagui Dekel-Chen, Israélo-Américain de 36 ans, et Yair Horn, Israélo-Argentin de 46 ans.
Ils ont été enlevés au kibboutz Nir Oz lors d'une attaque d'une ampleur et d'une violence sans précédent menée le 7 octobre 2023 par le Hamas dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine et qui a déclenché la guerre dans le territoire palestinien. Sur 251 personnes alors prises en otage, 73 sont toujours à Gaza, dont au moins 35 mortes, selon l'armée israélienne.
L'Egypte et le Qatar ont mené une médiation pour que cet échange soit mené à bien, et la trêve sauvegardée, après des menaces du Hamas de suspendre les libérations, et d'Israël de reprendre la guerre, les deux parties s'accusant de violations de l'accord.
Comme à chaque libération d'otages, des dizaines de combattants cagoulés et en armes du Hamas ont été déployés le matin autour d’un podium, cette fois-ci à Khan Younès, dans le sud de Gaza.
Une large affiche y est accrochée portant le logo des Brigades Ezzedine Al-Qassam, la branche armée du Hamas, et plusieurs messages politiques en arabe, en anglais et en hébreu, dont l'un affirme "Pas de déplacement sauf vers Jérusalem", en allusion au refus des Palestiniens d'un projet américain de déplacer les Palestiniens hors de Gaza.
Selon des sources du Hamas et du Jihad islamique, un groupe armé palestinien allié à Gaza, environ 200 combattants ont été déployés pour cette nouvelle mise en scène. Des combattants de la branche armée du Fatah du président Mahmoud Abbas sont également présents.
- "Très inquiet" -
En Israël, l'inquiétude est vive sur l'état physique et psychologique des trois hommes, alors qu'un ex-captif, Keith Siegel, a témoigné des "conditions inimaginables" de sa détention, vécue "dans la peur constante".
"Chaque jour me semblait être le dernier", a raconté dans un message vidéo cet Israélo-américain de 65 ans, libéré le 1er février. "J'étais affamé et torturé, à la fois physiquement et émotionnellement."
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui transfère les otages du Hamas à l'armée israélienne à Gaza, s'est dit vendredi "très inquiet des conditions de vie" des captifs après avoir appelé à ce que les libérations se déroulent de façon "digne".
Lors de la précédente libération, le 8 février, le Hamas avait contraint trois otages très affaiblis physiquement à saluer une foule de Gazaouis, dans une mise en scène qui avait provoqué la colère en Israël.
Sept détenus palestiniens alors libérés ont pour leur part été hospitalisés en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël, "en raison de la brutalité" de leur détention, selon le Club des prisonniers.
Parmi les détenus palestiniens qui doivent être relâchés ce samedi, 36 ont été "condamnés à la perpétuité", dont 24 seront expulsés, selon le Club des prisonniers palestiniens.
La trêve, entrée en vigueur après 15 mois de guerre et pour une durée initiale de 42 jours, a déjà permis la libération de 16 otages israéliens contre 765 prisonniers palestiniens.
Durant sa première phase, 33 otages et 1.900 détenus doivent être libérés au total.
- Reprise prochaine des pourparlers -
La suite du cessez-le-feu reste incertaine, les négociations prévues sur la deuxième phase n'ayant toujours pas commencé.
Le Hamas a dit vendredi s'attendre à ce que ces pourparlers commencent "en début de semaine prochaine". Les médiateurs - Qatar, Etats-Unis et Egypte - espèrent les entamer "la semaine prochaine à Doha", a de son côté indiqué une source proche des négociations.
La deuxième étape de l'accord est censée permettre la libération de tous les otages et la fin définitive de la guerre, avant une dernière phase consacrée à la reconstruction de Gaza, un chantier gigantesque estimé par l'ONU à plus de 53 milliards de dollars.
Sur le sort à plus long terme de Gaza, un sommet de cinq pays arabes doit se tenir le 20 février à Ryad, pour répondre au plan du président américain Donald Trump - décrié à l'international mais salué par Israël - d'une prise de contrôle du territoire palestinien et du déplacement de sa population en Egypte et Jordanie, ce que ces deux pays ont refusé.
L'attaque du Hamas du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.211 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité à Gaza.
L'offensive israélienne menée en représailles à Gaza a fait au moins 48.222 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
F.Lang--BlnAP