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Israël s'engage à respecter le plan Trump sur le déplacement des Gazaouis
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Israël s'est engagé lundi à respecter une proposition de Donald Trump de vider Gaza de ses habitants, à l'heure où le secrétaire d'Etat Marco Rubio tient des discussions à Ryad pour défendre ce projet rejeté par les Arabes.
L'Arabie saoudite doit accueillir vendredi un sommet de plusieurs pays arabes, pour présenter une réponse au projet du président américain qui prévoit la prise de contrôle du territoire palestinien par les Etats-Unis et l'expulsion de ses 2,4 millions d'habitants vers l'Egypte et la Jordanie.
Après sa visite dimanche en Israël où il a offert le soutien sans failles de son pays au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, M. Rubio a rencontré à Ryad le prince héritier saoudien et dirigeant de facto du royaume, Mohammed ben Salmane.
Les pays arabes, dont l'Egypte, la Jordanie et l'Arabie saoudite, de même que les Palestiniens et plusieurs Etats occidentaux ont rejeté tout déplacement des habitants de leur terre à Gaza.
"Tout comme je me suis engagé à ce qu'au lendemain de la guerre à Gaza il n'y ait plus ni Hamas, ni Autorité palestinienne, je me dois de respecter le plan" de Donald Trump "pour la création d'un autre Gaza", a dit M. Netanyahu.
Dans la foulée, son ministre de la Défense Israël Katz, a annoncé la création d'une "agence spéciale" au sein de son ministère pour le "départ volontaire" des habitants de Gaza.
En soirée, le cabinet de sécurité israélien tenait une réunion pour discuter de la deuxième phase de l'accord de trêve, censée permettre la libération de tous les otages retenus à Gaza et la fin définitive de la guerre.
Israël a également annoncé son intention d'envoyer de négociateurs lundi en Egypte, médiateur dans le conflit entre Israël et le Hamas.
- "Brûlés par les larmes" -
Le ministre israélien des Finances Bezalel Smotrich (extrême droite) a indiqué qu'il demanderait au cabinet "un vote pour adopter le plan Trump -- libérez immédiatement tous les otages, quittez Gaza pour d'autres pays et déposez les armes", et que Israël pose un "ultimatum" au Hamas.
A Jérusalem, des dizaines de proches d'otages, captifs depuis 500 jours, ont défilé lundi jusqu'au Parlement, en brandissant leurs portraits.
"Mes yeux sont brûlés par les larmes que je verse depuis 500 jours", a lancé Einav Tzangauker, une femme dont le fils Matan a été enlevé au kibboutz Nir Oz dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023.
Elle a demandé aux députés "de tout faire pour ramener" son fils et les autres otages "en vie".
L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.211 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes et incluant les otages morts ou tués en captivité.
Sur 251 personnes enlevées lors de l'attaque du Hamas, 70 sont encore retenues à Gaza dont au moins 35 sont mortes, selon l'armée israélienne.
En représailles, Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une offensive d'envergure qui a fait au moins 48.271 morts à Gaza, en majorité des civils, et a provoqué un désastre humanitaire, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
- "Eliminer" le Hamas -
Dimanche à Jérusalem, M. Rubio a lui aussi dit que le Hamas "doit être éliminé".
Considérablement affaibli, le Hamas, considéré comme un groupe terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, est toutefois encore loin d'être anéanti, selon des experts.
La trêve a failli voler en éclats la semaine dernière après des menaces réciproques du Hamas et d'Israël. Mais le Hamas a finalement libéré samedi trois otages israéliens et Israël 369 prisonniers palestiniens, le sixième échange depuis le début de la trêve.
La première phase de la trêve, qui s'achève le 1er mars, a déjà permis la libération de 19 otages israéliens et 1.134 Palestiniens, sur un total prévu de 33 otages et 1.900 détenus palestiniens.
Elle doit aussi permettre l'entrée d'une aide humanitaire accrue dans la bande de Gaza, assiégée par Israël.
Mais le Hamas accuse Israël de bloquer l'entrée de préfabriqués et d'équipements de déblaiement des décombres, alors que d'immenses convois attendent en Egypte de pouvoir pénétrer dans le territoire.
Si le calendrier se déroule comme prévu, la phase finale de l'accord sera consacrée à la reconstruction de Gaza, un chantier titanesque.
Israël a occupé la bande de Gaza de 1967 à 2005 avant de la soumettre à un blocus total après que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007. Il continue d'occuper depuis 1967 le territoire palestinien de Cisjordanie et Jérusalem-Est.
I.Pfeiffer--BlnAP