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Liban: Israël se maintient sur cinq positions dans le sud à l'expiration du délai pour son retrait
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L'armée israélienne s'est retirée mardi des villages du sud Liban mais a confirmé s'y maintenir sur cinq positions, quelques heures après le délai fixé pour le retrait de ses troupes du secteur dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu avec le Hezbollah.
"L'armée israélienne s'est retirée de tous les villages frontaliers à l'exception de cinq points" et "l'armée libanaise se déploie progressivement, en raison de la présence d'explosifs dans certaines zones et de dommages causés aux routes", a déclaré à l'AFP une source de sécurité libanaise sous couvert d'anonymat.
Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a ensuite confirmé le maintien de forces dans "cinq postes". Israël avait prévenu lundi compter "laisser temporairement un petit nombre de soldats déployés sur cinq points stratégiques le long de la frontière libanaise", malgré la volonté des autorités libanaises de pousser à un retrait total.
L'armée libanaise a elle annoncé s'être déployée dans des villages frontaliers après le retrait des troupes israéliennes. Selon la chaîne libanaise LBCI, elle s'était déployée "pendant la nuit" dans les localités de "Yaroun, Maroun, Blida, Mahbib et Maïs al-Jabal".
Environ 100.000 Libanais, parmi plus d'un million de déplacés, restent toujours exilés, selon l'ONU.
Malgré l'ampleur des destructions, notamment dans les villages frontaliers, les déplacés attendent de rentrer chez eux pour constater l'état de leurs biens et récupérer les corps de combattants parmi leurs proches, laissés depuis des mois.
Parmi eux, Fatima Choukeir, une sexagénaire ayant fui Maïs al-Jabal, à la frontière, il y a un an et demi. "Mon plus grand souhait est de m'asseoir devant ma maison, près de mes fleurs, et de savourer un café le matin", confie-t-elle à l'AFP.
Plusieurs municipalités ont appelé les habitants à attendre que l'armée libanaise se déploie dans leurs villages pour garantir leur "sécurité".
- "Points stratégiques" -
Aux termes de l'accord, Israël était censé avoir achevé le 26 janvier son retrait du sud du Liban, où seuls l'armée libanaise et les Casques bleus de l'ONU devaient être déployés.
Le Hezbollah devait pour sa part démanteler ses infrastructures et se retirer au nord du fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres de la frontière israélienne. Fin janvier, l'échéance avait été repoussée au 18 février.
Puissant mouvement armé ayant dominé pendant des années la vie politique au Liban, le Hezbollah a été fondé et financé par l'Iran, ennemi juré d'Israël.
Au début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël, tirant des roquettes en direction du territoire israélien depuis le sud du Liban, son fief.
Il disait agir "en soutien aux Palestiniens" et au Hamas, son allié. Les tirs transfrontaliers ont dégénéré en guerre ouverte en septembre 2024. Le Hezbollah en est sorti affaibli, sa direction largement décimée.
- "Mesure temporaire" -
L'armée israélienne a présenté sa décision de rester dans cinq points "stratégiques" comme "une mesure temporaire jusqu'à ce que les forces armées libanaises soient en mesure d'appliquer pleinement l'accord".
Cette annonce place les autorités libanaises dans une situation délicate vis-à-vis du Hezbollah, qui a estimé dimanche qu'il incombait au gouvernement libanais de pousser Israël à retirer ses troupes.
"Le Hezbollah doit être désarmé, et Israël préférerait que l'armée libanaise s'en charge, mais personne ne doit douter qu'Israël fera ce qu'il a à faire pour que l'accord de cessez-le-feu soit respecté et pour défendre notre sécurité", a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Le nouveau gouvernement libanais a affirmé lundi que l'Etat devrait détenir le monopole des armes dans le pays et promis de libérer "tout le territoire", en plein débat au Liban sur le désarmement du Hezbollah.
Depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, Israël mène des frappes aériennes qui ont fait plus de 60 morts. Une vingtaine de personnes ont été tuées le 26 janvier, alors que des habitants tentaient de retourner dans leurs villages frontaliers.
Plus de 4.000 personnes ont été tuées au Liban depuis octobre 2023, selon le ministère de la Santé. Côté israélien, plusieurs dizaines de soldats et civils ont péri, d'après les autorités.
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C.Milbrandt--BlnAP