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Ukraine : Zelensky espère voir Trump à Washington vendredi pour finaliser l'accord sur les minerais
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit mercredi viser une rencontre vendredi à Washington avec Donald Trump pour finaliser un accord cadre sur l'exploitation de minerais ukrainiens et lui demander en face-à-face s'il comptait arrêter l'aide américaine à Kiev.
Le président américain a procédé en deux semaines à un revirement total de la position des Etats-Unis sur la guerre entre la Russie et l'Ukraine, allant jusqu'à qualifier Volodymyr Zelensky de "dictateur" et reprenant les éléments de langage du Kremlin quant aux causes de l'invasion russe depuis février 2022.
Le chef de l'Etat ukrainien tente, quant à lui, comme il le peut, de jouer l'apaisement, tant le soutien de Washington est crucial pour Kiev, alors qu'il recherche une "paix durable" pour son pays, dévasté par les combats, les destructions et la mort de dizaines de milliers de soldats et civils.
Ces derniers jours, les discussions - tendues - tournaient entre représentants américains et ukrainiens sur un accord concernant l'exploitation de minerais ukrainiens par les Etats-Unis.
Sa rencontre avec Donald Trump, non confirmée à l'heure actuelle par la Maison Blanche, devrait permettre la signature de cet accord-cadre, en vue d'un texte plus détaillé, ce que le président américain disait absolument vouloir en compensation de l'aide militaire et financière versée depuis trois ans.
Les points d'achoppement - en particulier sur la somme de 500 milliards de dollars d'aide américaine évoquée par M. Trump - ont fini par disparaître, a assuré M. Zelensky.
Le document prévoit qu'Américains et Ukrainiens exploitent en commun des richesses minières et que les revenus qui en seront issus aillent dans un fonds "commun".
- Quid de l'aide américaine ? -
Pour l'Ukraine, une condition clé pour donner accès à ses ressources à ses alliés est d'obtenir des garanties de sécurité, devant dissuader la Russie de toute nouvelle invasion après un éventuel accord de cessation des hostilités.
A ce stade, le texte de l'accord sur les minerais comporterait une référence à la sécurité de l'Ukraine mais pas de garanties concrètes.
Volodymyr Zelensky a par ailleurs dit mercredi vouloir demander à son homologue américain s'il comptait vraiment "arrêter" l'assistance à l'Ukraine.
"Ma question sera très directe : les Etats-Unis vont-ils arrêter le soutien ou pas ? Allons nous pouvoir acheter des armes (aux Etats-Unis), si ce n'est plus de l'aide ?", a-t-il déclaré devant les journalistes.
L'Ukraine a pu résister pendant trois ans aux forces russes, plus nombreuses et mieux armées, grâce à la résilience de ses troupes et de sa population, mais aussi et surtout, grâce au soutien militaire et économique occidental, Etats-Unis en tête, ce qui a longtemps provoqué la colère de Moscou.
Mais depuis son appel à Vladimir Poutine le 12 février, Donald Trump a renversé les rapports de force, s'alignant sur le Kremlin concernant le dossier ukrainien.
Russes et Américains ont promis de poursuivre leurs discussions en vue de remettre à plat leurs relations bilatérales et des diplomates des deux pays se retrouveront jeudi à Istanbul, d'après le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.
Pris par surprise par cette séquence d'événements en leur défaveur, Européens et Ukrainiens sont pour le moment relégués au rang de spectateurs.
Le président français Emmanuel Macron -qui était à Washington lundi- et le Premier ministre britannique Keir Starmer -attendu jeudi sur place- cherchent, pour leur part, à convaincre Donald Trump qu'un accord global pour "une paix durable" en Ukraine ne pourra être trouvé qu'avec leur participation et celle des autorités ukrainiennes.
La Première ministre italienne Giorgia Meloni a à cet égard réclamé mercredi que des "garanties de sécurité" soient données à Kiev "dans le cadre de l'Otan" afin de parvenir à une paix "juste".
Pour tenter de se coordonner et débriefer la rencontre Macron-Trump de lundi, les dirigeants des 27 Etats membres de l'UE se réunissent dans la journée en visioconférence.
- Journaliste tuée -
En attendant d'éventuelles avancées sur le front diplomatique, les forces russes, comme tous les jours depuis trois ans, ont bombardé mercredi les villes et les villages d'Ukraine, faisant au moins sept morts, selon les autorités, dont cinq dans la région de Donetsk (est) et une journaliste ukrainienne de l'agence de presse publique Ukrinform, Tetiana Koulyk.
Sa maison dans le district de Boutcha, près de Kiev, a été touchée par un drone russe dans la nuit de mardi à mercredi, d'après Ukrinform. Un autre corps a été trouvé sur place.
L'armée ukrainienne a pour sa part revendiqué une contre-offensive réussie près de Pokrovsk, une ville de l'est de l'Ukraine que les troupes russes tentent de conquérir, et aux abords d'une autoroute clé desservant la grande cité de Dnipro, dans le centre.
F.A.Wagner--BlnAP