
Le Hamas appelle le sommet arabe sur Gaza à "contrecarrer" tout plan de déplacement des Palestiniens

Le Hamas a appelé le sommet arabe sur l'avenir de Gaza réuni mardi au Caire à "contrecarrer" tout plan de déplacement de la population du territoire, dont Israël exige la démilitarisation pour sauver l'accord de trêve avec le Hamas.
Décrié à l'international, le plan du président américain Donald Trump, auquel les dirigeants arabes entendent proposer une alternative, prévoit une prise de contrôle américain de Gaza et l'expulsion de sa population. Il a été salué par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a affirmé lundi qu'"il est temps de donner aux habitants de Gaza la liberté de partir".
"Nous espérons un rôle arabe efficace qui mette fin à la tragédie humanitaire créée par l'occupation dans la bande de Gaza (...) et qui contrecarre les plans de l'occupation (israélienne) visant à déplacer" les Palestiniens, a déclaré le Hamas.
Le sommet de la Ligue arabe s'est ouvert mardi après-midi, alors que l'accord de trêve, entré en vigueur le 19 janvier, vacille en raison de profonds désaccords entre Israël et le mouvement islamiste.
Pour passer à sa deuxième phase, censée conduire à un cessez-le-feu global et permanent, le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a exigé mardi une "démilitarisation totale" de Gaza, le départ du Hamas et le retour des otages enlevés lors de l'attaque du 7 octobre 2023 contre Israël, qui a déclenché la guerre.
Le Hamas a immédiatement rejeté ces conditions.
Après des discours du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et du roi de Bahreïn, Hamad ben Issa Al Khalifa, le sommet doit se poursuivre à huis clos pour, selon le média Al-Qahera news, lié à l'Etat égyptien, approuver un plan égyptien pour l'après-guerre à Gaza.
Présent lui aussi au Caire, le nouveau président syrien, Ahmad al-Chareh, participe pour la première fois à un sommet arabe.
- 53 milliards de dollars -
Le président Sissi a affirmé mardi que son plan prévoyait le maintien des Palestiniens sur leur terre et estimé que Donald Trump était "capable de parvenir à la paix" dans la région.
Le plan égyptien de 53 milliards de dollars prévoit de reconstruire Gaza sur cinq ans et propose la création d'un fonds supervisé au niveau international pour garantir "la durabilité du financement" ainsi que sa "transparence", selon un projet que l'AFP a pu consulter.
La première étape, de six mois, doit être axée sur le déblaiement des débris, l'enlèvement des mines et explosifs, et la fourniture de logements temporaires pour abriter plus de 1,5 million de personnes.
Suivront deux phases de reconstruction, la première comprenant des infrastructures essentielles et des logements permanents, la seconde des infrastructures incluant un port commercial et un aéroport.
A terme, le plan prévoit la reprise totale du contrôle de Gaza, dirigée depuis 2007 par le Hamas, par l'Autorité palestinienne, basée en Cisjordanie occupée, avec une possible présence internationale.
L'Egypte, qui a joué avec le Qatar et les Etats-Unis le rôle de médiateur dans l'accord de trêve, avait affirmé qu'elle "présenterait une vision globale" garantissant que les Palestiniens restent sur leur terre.
"Je pense que c'est un plan qui fonctionne vraiment, mais je ne l'imposerai pas. Je vais juste m'asseoir et le recommander", a-t-il ensuite affirmé face au refus égyptien et jordanien et au tollé international.
- "Ligne rouge" -
Après l'expiration samedi de la première phase de l'accord de trêve, Israël et le Hamas s'opposent à présent sur la suite du processus.
Première conséquence directe: le blocage imposé depuis dimanche par Israël à l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza, assiégée depuis le début de la guerre.
Cette aide est devenue "la première source de revenu" du Hamas, a affirmé mardi M. Saar, alors que l'ONU et plusieurs capitales ont appelé à la reprise immédiate des acheminements.
Le gouvernement israélien est en faveur d'une extension de la première phase de la trêve jusqu'à la mi-avril et d'une accélération des libérations d'otages. A son terme, selon le bureau de M. Netanyahu, les derniers otages seraient libérés en cas d'accord "sur un cessez-le-feu permanent".
Le Hamas insiste lui sur la mise en oeuvre des deux étapes restantes de l'accord initial, prévoyant la fin définitive de la guerre.
"Les armes de la résistance sont une ligne rouge (...) une question non négociable" a affirmé à l'AFP un de ses chefs, Sami Abou Zouhri, ajoutant que "toute discussion sur la déportation des combattants de la résistance ou de notre peuple est rejetée" d'avance.
L'attaque du 7 octobre 2023 a fait 1.218 morts du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité.
La riposte de l'armée israélienne a fait au moins 48.397 morts à Gaza, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
G.Schulz--BlnAP