
Une délégation israélienne à Doha pour des négociations sur la trêve à Gaza

Une délégation israélienne est attendue lundi à Doha pour des négociations indirectes sur la poursuite du fragile cessez-le-feu dans la bande de Gaza avec le Hamas, après la coupure par Israël de l'approvisionnement en électricité pour faire pression sur le mouvement islamiste palestinien.
Avant ces nouveaux pourparlers, Israël a débranché l'unique ligne électrique avec Gaza, qui alimente la principale usine de dessalement d'eau du territoire à Deir el-Balah (centre).
Le Hamas, au pouvoir depuis 2007 à Gaza, a dénoncé un "chantage mesquin et inacceptable" qui menace également la vie des otages, et l'Autorité palestinienne a condamné une "escalade dans le génocide" de la population.
- Puits contaminés -
Au moins 600.000 personnes bénéficient de cette production d'eau potable, a dit à l'AFP Jonathan Crickx, porte-parole de l'Unicef dans les Territoires palestiniens.
Mais même si la station peut maintenir un semblant d'activité grâce à ses panneaux solaires, la population dépendra désormais de l'eau des puits, qui sont contaminés à cause d'une salinité très élevée, ou des livraisons d'eau par les ONG internationales, a souligné une autre source de l'ONU impliquée dans la bande de Gaza.
Londres et Berlin ont appelé Israël, qui bloque déjà depuis le 2 mars l'entrée de l'aide humanitaire dans Gaza, à "lever les restrictions".
Cette aide, vitale pour les quelque 2,4 millions de Gazaouis, "ne devrait jamais être subordonnée à un cessez-le-feu ou être utilisée comme un outil politique", a affirmé un porte-parole du Premier ministre britannique Keir Starmer.
L'accord de trêve négocié par l'entremise des Etats-Unis, du Qatar et de l'Egypte, a abouti à un cessez-le-feu le 19 janvier après 15 mois d'une guerre dévastatrice à Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.
- Divergences -
Durant la première phase de l'accord, qui a pris fin le 1er mars, le Hamas a rendu 33 otages israéliens, dont huit morts, et Israël a libéré environ 1.800 détenus palestiniens.
La délégation israélienne à Doha est menée par un haut responsable du Shin Bet (sécurité intérieure) et le médiateur chargé des otages, Gal Hirsch. Selon l'armée, il reste 58 captifs à Gaza, dont 34 sont morts.
Les négociateurs du Hamas, conduits par Mohammed Darwish, sont eux arrivés dimanche dans la capitale qatarie après plusieurs réunions au Caire.
Le même jour, l'émissaire américain pour les otages retenus à Gaza, Adam Boehler, a évoqué un accord sur leur libération "dans les semaines à venir", qualifiant de "très utiles" ses récentes discussions directes et sans précédent avec le Hamas.
Les désaccords portent sur la deuxième phase de l'accord qui prévoit, selon le Hamas, un cessez-le-feu permanent, le retrait complet israélien de Gaza et la libération des derniers otages.
Israël, de son côté, souhaite une extension de la première phase du cessez-le-feu jusqu'à la mi-avril, et réclame, pour passer à la deuxième, la "démilitarisation totale" du territoire, le départ du Hamas du territoire palestinien et le retour des derniers otages.
"Nous sommes prêts à commencer immédiatement les négociations" mais Israël "continue de revenir" sur l'accord de cessez-le-feu, a affirmé lundi le Hamas.
Chaque camp accuse l'autre de violer la trêve. L'aviation israélienne a mené dimanche une frappe contre des combattants palestiniens qui, selon elle, "tentaient de cacher un engin explosif" dans le nord de Gaza, tuant un nombre indéterminé de "terroristes".
- Le projet "prend forme" -
Le projet de déplacement des Gazaouis "prend forme, il y a des actions en cours, en coordination avec l'administration" américaine, a affirmé dimanche le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, une figure de l'extrême droite.
L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné du côté israélien la mort de 1.218 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité.
En riposte, Israël a juré d'anéantir le Hamas et lancé une offensive à Gaza qui a fait au moins 48.467 morts, majoritairement des civils, d'après les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
B.Dietrich--BlnAP