
Gaza: neuf morts dans des frappes israéliennes, la trêve fragilisée

La Défense civile locale a annoncé la mort de neuf Palestiniens dont des journalistes dans de nouvelles frappes israéliennes samedi dans la bande de Gaza, des attaques qui pourraient mettre davantage en péril la fragile trêve.
Le Hamas a dénoncé une "violation flagrante de l'accord de cessez-le-feu" entré en vigueur le 19 janvier, après quinze mois d'une guerre dévastatrice à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien contre Israël le 7 octobre 2023.
Les frappes ont fait "neuf morts parmi lesquels plusieurs journalistes et des employés de l'organisation caritative Al-Khair" à Beit Lahia (nord), alors que l'artillerie israélienne bombardait la zone, a indiqué à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal.
L'armée israélienne a confirmé deux frappes à Beit Lahia, contre "deux terroristes opérant un drone" et contre un véhicule transportant "d'autres terroristes venus récupérer" le drone. Ses soldats mènent régulièrement des frappes dans la bande de Gaza malgré la trêve.
Dans un communiqué, le porte-parole du mouvement islamiste palestinien Hamas, Hazem Qassem, a condamné "un horrible massacre" commis contre "un groupe de journalistes et des travailleurs humanitaires, dans une violation flagrante de l'accord de cessez-le-feu".
Le Syndicat des journalistes palestiniens a accusé l'armée israélienne de "ciblage systématique" des journalistes, qui constitue "un crime de guerre et une violation flagrante du droit international, notamment de la Convention de Genève (garantissant) la protection des journalistes en période de conflit".
- Bilan le plus lourd -
Selon le syndicat, un reporter et trois photojournalistes faisaient partie du groupe ciblé par les frappes israéliennes et ils ont été tués. L'un d'eux était spécialisé dans les prises d'images par drone, a précisé la défense civile.
Deux membres de l'organisation al-Khair parmi lesquels son porte-parole font également partie des morts identifiés, selon la défense civile.
Les frappes ont eu lieu quand "les journalistes utilisaient un drone pour prendre des images d'une grande table installée pour le ramadan", le mois de jeûne musulman, et alors que "la nature de leur travail était claire", a dit à l'AFP le chef du service de Communication du gouvernement du Hamas.
En octobre 2024, Reporters sans frontières (RSF) a fait état de plus de 140 journalistes tués à Gaza par l'armée israélienne depuis le début de son offensive destructrice à Gaza en riposte à l'attaque du 7-Octobre.
Les frappes de samedi, au bilan le plus lourd depuis le début de la trêve, interviennent alors que des désaccords persistent entre le Hamas et Israël sur les modalités de la poursuite de la trêve.
Des discussions indirectes ont commencé en début de semaine à Doha sous l'égide des médiateurs -Egypte, Qatar, Etats-Unis- pour tenter d'aplanir les divergences.
Vendredi, le Hamas a annoncé qu'il était prêt à libérer un otage israélo-américain, Edan Alexander, et à rendre les corps de quatre autres israélo-américains enlevés le 7 Octobre 2023, en échange de la libération de prisonniers palestiniens par Israël.
"La balle est dans le camp d'Israël", a affirmé samedi le porte-parole du Hamas, Hazem Qassem.
- Réunion du cabinet de sécurité -
Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dénoncé la "manipulation et la guerre psychologique" du Hamas. Les Etats-Unis, alliés d'Israël, ont affirmé que le mouvement islamiste faisait un "très mauvais pari en pensant que le temps joue en sa faveur".
M. Netanyahu doit réunir samedi soir des ministres "pour recevoir un rapport détaillé de l'équipe des négociateurs et décider des prochaines étapes en vue de la libération des otages", selon son bureau.
Depuis le 19 janvier, le Hamas a rendu 33 otages incluant huit morts, et Israël a libéré environ 1.800 détenus palestiniens.
Il reste 58 otages retenus à Gaza, dont 34 ont été déclarés morts par l'armée israélienne.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné du côté israélien la mort de 1.218 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité parmi les 251 personnes enlevées au total.
En riposte, Israël a juré d'anéantir le Hamas et lancé une offensive destructrice à Gaza qui a fait au moins 48.543 morts, majoritairement des civils, d'après les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU, et provoqué un désastre humanitaire.
P.Schubert--BlnAP