
La Corée du Nord teste un nouveau missile anti-aérien et accueille un haut responsable russe

La Corée du Nord a annoncé vendredi avoir essayé un nouveau système de missiles anti-aériens sous la supervision de son dirigeant Kim Jon Un, qui a accueilli dans la foulée le secrétaire du Conseil de sécurité russe Sergueï Choïgou à Pyongyang.
Annoncée par les agences russes Tass et Ria Novosti, la visite du haut-responsable russe, ancien ministre de la Défense, illustre le rapprochement accéléré entre Moscou et Pyongyang, principalement dans le domaine militaire, depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022.
Les deux pays ont signé un accord de défense mutuelle à l'occasion d'une rare visite du président russe Vladimir Poutine en Corée du Nord l'an dernier.
Par la suite, Pyongyang a été accusé par les Occidentaux et la Corée du Sud d'avoir envoyé des troupes pour se battre contre l'Ukraine aux côtés de l'armée russe. Ce déploiement n'a jamais été confirmé ni infirmé par la Corée du Nord ou par la Russie.
Les agences de renseignement sud-coréennes et occidentales estiment à plus de 10.000 le nombre de soldats nord-coréens déployés en Russie pour l'aider à reconquérir une partie de la région de Koursk, prise par surprise par l'Ukraine durant l'été 2024.
A quoi s'ajoutent, selon le ministère sud-coréen de la Défense, des livraisons de missiles, de 200 pièces d'artillerie à longue portée et de munitions.
Selon Tass, M. Choïgou a commencé sa visite à Pyongyang en déposant une gerbe devant un monument à la mémoire des soldats de l'Armée rouge ayant libéré le nord de la Péninsule coréenne de l'occupation japonaise à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Il a ensuite été reçu par le dirigeant nord-coréen Kim Jon Un, lui transmettant "les salutations et les meilleurs vœux du président russe Vladimir Poutine", selon l'agence Ria Novosti.
Le maître du Kremlin "accorde la plus grande attention à la mise en œuvre des accords conclus avec vous", a dit Sergueï Choïgou à Kim Jon Un, d'après ses propos rapportés par l'agence russe.
Au sujet du traité de partenariat stratégique, M. Choïgou a ajouté que "la Russie réaffirme sa volonté inconditionnelle de respecter (ses) dispositions". "Nous sommes convaincus que la conclusion de ce nouveau document fondamental répond pleinement aux intérêts des deux pays", a-t-il souligné.
- Test d'armes avant exportation -
L'agence officielle nord-coréenne KCNA a par ailleurs annoncé vendredi que M. Kim avait assisté, à une date indéterminée, à l'essai de nouveaux missiles anti-aériens. L'agence a diffusé des photos de projectiles lancés depuis la piste d'un aéroport et d'explosions en mer.
Cet essai a prouvé que l'armée nord-coréenne est désormais équipée d'un autre système d'armement de défense majeur aux performances de combat louables", a déclaré Kim Jong Un, cité par KCNA.
Le test a été annoncé au lendemain de la fin, en Corée du Sud, de l'exercice militaire annuel "Freedom Shield" mené conjointement avec les Etats-Unis, et dénoncé vendredi par le ministère nord-coréen de la Défense comme "une répétition pour une guerre d'agression".
Cette année, "Freedom Shield" a été axé sur la réponse aux menaces nucléaires, biologiques et chimiques de la Corée du Nord, selon Séoul.
Le 10 janvier, jour où cet exercice avait commencé, la Corée du Nord avait tiré plusieurs missiles balistiques en direction de la mer Jaune. Fin février, Pyongyang avait en outre effectué des tests de missiles de croisière afin de montrer ses "capacités de contre-attaque".
Pour Ahn Chan-il, un transfuge nord-coréen devenu directeur de l'Institut mondial pour les études sur la Corée du Nord à Séoul, les tirs de missiles anti-aériens annoncés vendredi semblent être "un test d'armes destinées à être exportées vers la Russie afin d'être utilisées en Ukraine".
M. Ahn, interrogé par l'AFP, a estimé que Pyongyang prend prétexte des exercices militaires au Sud pour développer des armes destinées à Moscou.
Les deux Corées restent techniquement en guerre depuis plus de sept décennies, le conflit qui les avait opposées de 1950 à 1953 s'étant achevé par un armistice, et non par un traité de paix.
R.Metzger--BlnAP