
Raids israéliens meurtriers au Liban en riposte à des tirs de roquettes

Israël a mené samedi des frappes au Liban voisin, tuant deux personnes incluant une enfant selon les autorités, après l'interception de roquettes tirées depuis le territoire libanais.
Le Hezbollah libanais pro-iranien a nié toute responsabilité dans les tirs de roquettes qui n'ont pas été revendiqués. Il a accusé dans un communiqué "l'ennemi israélien" de chercher "des prétextes pour poursuivre ses attaques contre le Liban".
Il s'agit des premiers projectiles (roquettes ou drones) tirés depuis Liban et traversant la frontière jusqu'en Israël depuis le 26 novembre 2024, a indiqué l'armée israélienne à l'AFP.
Un accord de cessez-le-feu a mis fin le 27 novembre à la guerre entre l'armée israélienne et le Hezbollah qui avait ouvert un front contre Israël en solidarité avec le mouvement islamiste palestinien Hamas au début de la guerre à Gaza en octobre 2023.
La trêve a été globalement respectée malgré des accusations mutuelles de violations répétées, alors que l'armée israélienne a maintenu des troupes dans le sud du Liban dans cinq positions stratégiques près de la frontière nord d'Israël.
Samedi matin, les sirènes d'alerte ont retenti à Metula, un village du nord d'Israël proche de la frontière libanaise. L'armée de l'air israélienne a intercepté trois de six roquettes tirées du sud du Liban vers la région de la Galilée (nord), selon un responsable.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a aussitôt ordonné à l'armée de frapper des "cibles terroristes" au Liban, où une guerre avait opposé de septembre à novembre 2024 Israël au Hezbollah, sorti très affaibli de ce conflit.
L'armée israélienne a annoncé ensuite avoir ciblé "des dizaines de lanceurs de roquettes et un centre de commandement d'où opéraient des terroristes du Hezbollah" dans le sud du Liban.
Selon l'agence nationale d'information libanaise ANI, citant le ministère de la Santé, deux personnes incluant une enfant ont été tuées et huit blessées dans l'une des frappes dans la localité de Touline.
- Rampes démantelées -
Le chef d'état-major israélien, Eyal Zamir, a promis une "réponse sévère" aux tirs de roquettes.
L'armée libanaise a annoncé, après les tirs, avoir démantelé "trois rampes de lancement de roquettes artisanales dans une zone située au nord du fleuve Litani", à quelque 30 km de la frontière israélienne.
Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a mis en garde "contre le risque que les opérations militaires reprennent à la frontière sud. Cela pourrait entraîner le Liban dans une nouvelle guerre, aux conséquences désastreuses".
Il a ajouté avoir contacté le ministre de la Défense, "afin de garantir que seul l'Etat a le pouvoir de décider de la guerre et de la paix".
Seule faction au Liban à avoir conservé ses armes au sortir de la guerre civile libanaise (1975-1990), le Hezbollah était alors accusé par ses détracteurs d'être un "Etat dans l'Etat".
Mais le mouvement libanais est sorti très affaibli de la dernière guerre avec Israël et sa direction a été largement décimée.
- "Reprendre la guerre" -
En septembre 2024, les hostilités transfrontalières avaient dégénéré en guerre ouverte avec des bombardements israéliens massifs au Liban, notamment sur les fiefs du Hezbollah, jusqu'au cessez-le-feu.
Après le début des tirs de roquettes par le Hezbollah dans la foulée de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, environ 60.000 habitants ont fui le nord d'Israël, dont une partie seulement sont rentrés chez eux ces dernières semaines après le feu vert des autorités.
Seulement 8% de la population est revenue à Metula et certains habitants sont repartis samedi après les tirs, a indiqué le maire de la ville, David Azoulay. "Nous devrions reprendre la guerre, même si une seule balle est tirée vers Israël", a-t-il dit.
Côté libanais, plus d'un million de personnes ont fui le sud du pays, dont environ 100.000 sont toujours déplacées, selon l'ONU.
Aux termes de l'accord de cessez-le-feu conclu sous l'égide des Etats-Unis, Israël devait se retirer du sud du Liban, où seuls l'armée libanaise et les Casques bleus de l'ONU devraient être déployés.
Le Hezbollah devait lui démanteler ses infrastructures et se retirer au nord du fleuve Litani.
C.W.Kuhn--BlnAP