
Nouvelle rencontre Ukraine-Etats-Unis, après un round russo-américain sans annonce

Des responsables ukrainiens et américains sont réunis en Arabie saoudite mardi, au lendemain de pourparlers américano-russes qui n'ont pour l'heure pas abouti à l'annonce d'une trêve, même très limitée, espérée par Donald Trump.
La Russie, qui a salué un "dialogue utile" bien que "pas facile", est accusée par Kiev de jouer la montre pour profiter de son avantage sur le front. Elle a appelé mardi à un format de discussions plus large, impliquant notamment l'ONU et d'autres pays. Selon l'agence d'Etat Ria Novosti, la délégation russe a quitté l'Arabie Saoudite.
"Nous travaillons toujours avec les Américains" mardi à Ryad, a indiqué pour sa part une source ukrainienne informée des pourparlers à un petit groupe de médis, dont l'AFP.
Washington, Moscou et Kiev sont impliqués dans un ballet diplomatique en Arabie saoudite depuis dimanche. La navette américaine entre les belligérants n'a toutefois pas donné lieu à une trêve, même partielle, ou même un consensus sur un moratoire sur certaines frappes aériennes.
Le président américain Donald Trump, à force de pression, avait réussi à obtenir l'accord théorique de Kiev pour un cessez-le-feu inconditionnel. Mais Vladimir Poutine, tout en prenant soin de ne pas rabrouer son homologue américain, a listé de nombreuses exigences et dit vouloir limiter une trêve aux seules frappes sur les infrastructures énergétiques.
Lundi, délégations russe et américaine ont passé plus de douze heures à négocier dans un hôtel de luxe de Ryad, la capitale saoudienne, au lendemain d'un premier round de discussions entre Américains et Ukrainiens.
"C'était un dialogue intense, pas facile, mais très utile pour nous et pour les Américains", a déclaré mardi l'un des négociateurs russes, le sénateur Grigori Karassine, à l'agence officielle russe Tass.
Lors de ces discussions où M. Karassine a représenté la Russie avec Sergueï Besseda, un cadre du FSB, les services de sécurité, "beaucoup de problèmes ont été abordés", a-t-il assuré.
"Nous sommes loin d'avoir tout réglé, de nous être mis d'accord sur tous les points, mais il me semble qu'une telle conversation est très opportune", a estimé M. Karassine.
"Nous allons continuer de le faire, en entraînant la communauté internationale, avant tout l'Organisation des Nations unies et certains pays", a-t-il affirmé.
Donald Trump, dont le rapprochement avec son homologue russe Vladimir Poutine a rebattu les cartes du conflit, déclenché par l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, affirme vouloir mettre fin aux hostilités et a dépêché ses émissaires à Ryad pour des pourparlers avec les deux parties.
- Mer Noire -
Aucune annonce d'une trêve même limitée, qui était bien sur la table de négociations à Ryad, n'a été faite.
Lors d'une précédente rencontre dans la ville saoudienne de Jeddah, l'Ukraine avait accepté une proposition américaine de cessez-le-feu de 30 jours, rejetée par la Russie.
Les discussions portent désormais notamment sur un possible cessez-le-feu en mer Noire, afin de permettre un retour à l'accord céréalier qui avait permis à l'Ukraine, de juillet 2022 à juillet 2023, d'exporter ses céréales, vitales pour l'alimentation mondiale, malgré la présence de la flotte russe dans la zone.
La Russie s'en est ensuite retirée, accusant les Occidentaux de ne pas respecter leurs engagements censés assouplir les sanctions sur les exportations russes.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait confirmé lundi que cet accord céréalier était "à l'agenda".
L'Ukraine a mis en place dès 2023 un couloir maritime qu'elle contrôle pour exporter, mais son port d'Odessa et des navires sont régulièrement frappés par les Russes.
Vladimir Poutine, dont l'armée avance sur le terrain malgré de lourdes pertes, ne semble pas pressé de conclure un accord, tant que ses soldats n'ont pas expulsé les troupes ukrainiennes de la région russe frontalière de Koursk.
A ce stade, le Kremlin assure s'être uniquement mis d'accord avec Washington sur un moratoire sur les bombardements des infrastructures énergétiques.
Russes et Ukrainiens s'accusent mutuellement de continuer de frapper de tels sites.
Malgré l'accélération des efforts en vue de parvenir à un cessez-le-feu, les combats se poursuivent.
Lundi, une frappe russe a fait 90 blessés, dont 17 enfants, à Soumy, dans le nord-est de l'Ukraine, selon le maire de cette ville. Un reporter, un caméraman et un chauffeur employés par des médias russes ont été tués sur le terrain dans l'est de l'Ukraine.
I.Braun--BlnAP