
Face à Trump, Pékin, Tokyo et Séoul veulent "accélérer" vers un accord de libre-échange

Face à l'offensive douanière américaine, le Japon, la Corée du Sud et la Chine ont annoncé dimanche vouloir renforcer leur coopération pour offrir "un environnement prévisible" aux entreprises, et "accélérer" leurs négociations en vue d'un accord de libre-échange.
Des ministres des trois pays en charge de l'Industrie ou du Commerce se sont retrouvés dimanche à Séoul dans un contexte d'accélération des relèvements de droits de douane imposés par Washington.
Cette réunion tripartite, organisée en urgence, est la première sous ce format depuis 2020.
L'économie des trois puissances asiatiques reste fortement dépendante de leurs exportations, et chacune est pénalisée, à divers degrés, par la politique du président américain Donald Trump.
Le ministre sud-coréen de l'Industrie Ahn Duk-geun, son homologue japonais Yoji Muto et le ministre chinois du Commerce Wang Wentao ont convenu de "poursuivre les discussions en vue d'accélérer les négociations vers un accord de libre-échange trilatéral complet" et "équitable", selon un communiqué commun.
Des discussions sur un tel accord ont été entamées en 2013 et ont eu lieu jusqu'en 2019, avant de marquer le pas. Elles avaient été relancées en 2024 à l'occasion d'un exceptionnel sommet tripartite réunissant des dirigeants des trois pays à Séoul.
Dans l'immédiat, "nous continuerons d’œuvrer pour garantir des conditions de concurrence équitables à l'échelle mondiale afin de favoriser un environnement prévisible pour le commerce et l'investissement, libre, ouvert, équitable, non discriminatoire, transparent, inclusif", ajoute le communiqué commun.
Et ce en contraste affiché avec les revirements incessants de Washington sur sa politique douanière, qui exacerbent les incertitudes pour les entreprises.
- "Protectionnisme se propage" -
Pour les trois pays, il s'agit d'"intensifier progressivement leurs coopérations" afin "de créer un environnement commercial prévisible, stabiliser les chaînes d'approvisionnement, améliorer la communication sur les contrôles à l'exportation", insiste Séoul dans une déclaration distincte.
Plus généralement, Séoul, Pékin et Tokyo ont convenu dimanche de "collaborer étroitement" pour pousser à une réforme de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et encourager l'adhésion de nouveaux membres au vaste Partenariat économique global régional (RCEP) réunissant la Chine et 14 pays asiatiques.
"L'unilatéralisme et le protectionnisme se propagent, exerçant une forte pression sur les échanges mondiaux et augmentant l'incertitude. Les trois pays doivent assumer la responsabilité (...) de préserver le système commercial multilatéral et promouvoir l'intégration économique régionale", a insisté le gouvernement chinois dans son communiqué.
A eux trois, la Chine, le Japon et la Corée du Sud représentent environ 20% de la population du globe, un quart de l'économie mondiale et 20% du commerce planétaire.
Cette réunion tripartite survient après l'application depuis mi-mars de droits de douane américains de 25% sur l'acier et l'aluminium, et à quelques jours de l'imposition à partir du 2 avril de surtaxes douanières de 25% sur les automobiles importées aux Etats-Unis.
Le Japon et la Corée du Sud représentent respectivement 16% et 15% du total des importations automobiles des Etats-Unis, un secteur majeur pour leurs économies nationales.
La Chine est de son côté sous le coup d'une surtaxe douanière totale de 20% visant toutes ses exportations vers les Etats-Unis.
Z.Mertens--BlnAP