
Athlétisme: Pascal Martinot-Lagarde, une "étincelle de jeunesse" pour ses derniers Mondiaux

A 33 ans et après deux ans sans porter le maillot de l'équipe de France en grand championnat, le hurdleur français Pascal Martinot-Lagarde retrouve samedi les Mondiaux d'athlétisme en salle à Nankin (Chine) pour une dernière danse mais conserve le même "émerveillement" qu'à ses débuts.
Contrairement à la plupart de ses concurrents en Chine, Pascal Martinot-Lagarde n'avait pas coché Nankin et les Mondiaux d'athlétisme en salle cet hiver. Après deux années plombées par les blessures et après avoir échoué à se qualifier pour les Jeux olympiques de Paris, "PML" avait plutôt annoncé qu'il ferait une saison en salle sous forme de "tournée" d'adieux au haut niveau.
Mais à 33 ans, après plus de dix années de carrière et encore plus de médailles internationales amassées, Martinot-Lagarde a réussi à se surprendre une nouvelle fois quand il a coupé la ligne d'arrivée du 60 mètres haies du meeting de Bercy en 7 sec 54 début février, un chrono synonyme de minima européens et mondiaux.
"Surprise, c'est le mot", reconnaissait ce fer de lance de l'athlé français après la course. "J'estimais que j'étais vieux et que c'était bientôt la fin (...) mais je viens de remettre une pièce dans la machine !"
Le hurdleur espérait donc participer aux Championnats d'Europe en salle mi-mars au Pays-Bas, mais, affaibli par une angine et une blessure à l'adducteur, il ne termine que quatrième des Championnats de France pour trois places pour l'Euro et comprend qu'il ne sera pas de la partie.
"Après les championnats de France, j'ai la relative certitude que ma saison est terminée", racontait-il mercredi soir depuis Nankin. "J'étais frustré (de ne pas être sélectionné pour l'Euro, NDLR) mais je suis vite passé à autre chose, j'avais enterré la saison hivernale", explique "PML", qui coupe alors complètement l'entraînement.
- "Wahou" -
Mais dix jours plus tard, il reçoit un message de son père qui décortique les modalités de sélection et qui lui apprend qu'il est sélectionnable pour les Mondiaux en salle de Nankin.
"J'ai dit à mon coach et à la Fédération : +si je peux avoir l'honneur de porter une dernière fois le maillot de l'équipe de France, je saute dessus !+ (...) Et voilà, je suis là !", annonce-t-il, tout sourire. "Et je ne suis même plus blessé."
Champion d'Europe en 2018 sur 110 m haies, médaillé de bronze mondial en 2019, triple vice-champion du monde en salle sur 60 m haies (2014, 2016, 2022)... Entre 2012 et 2022, "PML" est monté 12 fois sur un podium international, en salle ou en plein air, aux Mondiaux ou aux Europe, et affiche l'un des palmarès les plus riches de l'athlé français.
Mais malgré son expérience, il affirme qu'il retrouve le maillot bleu-blanc-rouge avec le même engouement qu'à ses débuts.
"J'ai énormément de chance de finir ma carrière comme ça. Quand tu commences l'athlétisme, tu es comme un gosse, tu fais +waouh+ quand tu prends l'avion, quand tu reçois ta tenue... Quand tu prends de la bouteille, tu perds cette petite étincelle de jeunesse", a-t-il affirmé.
- Objectif finale -
"Là, je retrouve cet émerveillement. Je sais que c'est bientôt la fin et je me mets à chérir chaque moment", a poursuivi le hurdleur.
Son objectif est clair: se "faire kiffer sur une dernière finale mondiale" à Nankin, où il part avec le huitième temps des engagés, pour huit places en finale.
Une façon de refermer la boucle, 13 ans après sa première sélection senior, en 2012 à Istanbul, déjà lors de Mondiaux en salle. Le jeune "PML", 20 ans seulement, était allé chercher le bronze mondial à la surprise générale.
Mais même s'il revient en forme, Martinot-Lagarde sait qu'il raccrochera bientôt, et pour de bon, les pointes pour se consacrer à l'entreprise qu'il a lancée dans l'immobilier avec son épouse.
"C'est dur d'allier deux gros projets comme ceux-là", estime-t-il.
"J'ai fait ce qu'il y avait à faire, j'ai amassé pas mal de médailles donc je partirai en paix", ajoute l'athlète, dont le record de France du 110 mètres haies (12.95 en 2014), tient toujours onze ans plus tard.
"J'ai toutes les cartes pour me faire plaisir. J'ai l'impression d'avoir de nouveau 20 ans, je kiffe !"
G.Schulz--BlnAP